Rencontre avec Adélaïde Vis – Infirmière en Pratique Avancée (IPA)Temps de lecture : 4 min

Infirmière depuis 20 ans, Adélaïde Vis a exercé pendant 11 ans en libéral et maintenant cela fait 10 ans qu’elle exerce au sein d’une structure d’exercice coordonné. Après une première année en cabinet isolé, elle a décidé d’intégrer la maison de santé d’Outreau dès sa création, qui va célébrer ses 10 ans en octobre.

Elle revient aujourd’hui sur son métier et sa nouvelle spécialisation, celle d’infirmière en pratique avancée (IPA). 

Vous allez bientôt être diplômée en tant qu’infirmière IPA, pourriez-vous nous expliquer cette spécialisation ?

En effet, je suis actuellement en stage d’infirmière IPA et en octobre 2022, je serai diplômée IPA de l’université d’Amiens

IPA signifie “Infirmier-ère en pratique avancée”. C’est une spécialisation qui nécessite 2 années supplémentaires pour se spécialiser sur les pathologies chroniques : diabète type 1, type 2, insuffisance cardiaque, maladie coronaire, AVC, alzheimer…

Comment se passe la formation ?

Il faut avoir au minimum 3 ans d’exercice pour pouvoir accéder à la formation. 

La formation est organisée autour d’une 1ère année de tronc commun permettant de poser les bases de l’exercice infirmier en pratique avancée et d’une 2ème année centrée sur les enseignements en lien avec la mention choisie.

4 domaines d’intervention sont définis dans un 1er temps :

  • les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires
  • l’oncologie et l’hémato-oncologie 
  • la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale.
  • la santé mentale 

Ensuite on obtient son diplôme d’Etat d’IPA précisant la mention choisie et reconnu au grade universitaire de master.

Une fois que vous serez diplômée, que se passera-t-il ?

Je n’exercerai plus comme infirmière libérale. Le médecin me confie un patient, avec son accord et celui du patient. Mon rôle sera de les voir régulièrement pour le suivi de leurs pathologies, en fonction des conditions prévues par l’équipe par un protocole d’organisation. On peut faire par exemple de l’inclusion à de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Cela permettra de libérer du temps médical.

Comment se passent les visites avec les patients ?

Tout d’abord, pour pouvoir exercer en tant qu’infirmier-ère IPA, il faut être rattaché à une MSP ou une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) ou une Equipe de soins primaires (ESP).

La première consultation dure entre 45 minutes et 1 heure, afin d’apprendre à connaître le patient et de savoir s’il est éligible à ce suivi. Ensuite, les rencontres durent entre 30 et 45 minutes et ont lieu tous les 3 mois.  

Dans le cas où le patient se déstabilise, nous devons le renvoyer auprès du médecin traitant qui doit le voir dans les 2 à 3 jours suivants selon le degré d’urgence.

Quelles ont été les motivations qui vous ont poussées à rejoindre une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ?

À l’origine, je travaillais avec le Dr Deleplanque en cabinet isolé, qui m’a proposé de venir travailler en MSP quand ils ont fondé, avec d’autres professionnels de santé, la maison de santé. 

L’avantage de la MSP permet aux infirmier-ères d’augmenter sa patientèle, de faire de l’Education Thérapeutique du Patient (ETP) et de participer à des projets de prévention .

Quelles sont les grandes priorités de votre projet de santé ? Les protocoles au sein de votre MSP ? Les caractéristiques de votre territoire ? De la patientèle de votre MSP ?

Nous favorisons l’accès aux soins et la prévention (vaccination, ETP (diabète, BPCO, infantile), mois sans tabac, cancer, troubles cognitifs avec les séniors, troubles du langage, (mission retrouve ton cap’, OBEPEDIA…). 

Nous sommes un territoire défavorisé, CPTS (48 000 habitants), 25% ont plus de 65 ans. Beaucoup de CMU et de problèmes d’addictions (alcool 2 fois la moyenne régionale, tabac). 

Nous sommes ouverts du lundi au vendredi de 8h à 20h et le samedi de 8h à 12h. 

Quels sont les partenaires extérieurs qui vous ont aidé dans la réalisation de votre projet ?

La FEMAS Hauts-de-France nous a énormément apporté. C’est une ressource importante car la fédération nous donne les outils, des idées de projet, les dernières recommandations. C’est important dans le développement de la maison de santé.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans l’exercice en MSP ?

Ce qui me plaît le plus, c’est la cohésion d’équipe, le partage de compétences, la confiance partagée, le médecin me fait confiance dans le diagnostic établi. Nos projets se regroupent et c’est fédérateur.

Nous avons des réunions régulières avec les professionnels de santé une fois par mois pour parler des patients, et des problèmes que l’on rencontre. Le fait de pouvoir échanger de cette façon permet de renforcer cet esprit d’équipe. Avec la COVID-19, nous avons été des relais.

Conseilleriez-vous l’exercice regroupé aux jeunes professionnels qui souhaitent s’installer ?

Complètement, dernièrement nous avons eu une infirmière remplaçante qui s’est inscrite en isolé. Quand elle est venue, elle s’est demandée si elle n’allait pas venir en maison de santé, car nous pouvons monter des projets avec en perspective une approche globale du patient. Ainsi, cela facilite le réseau et le patient le sait et il se sent mieux entouré. 

Un mot pour les jeunes qui cherchent à s’installer ?

En tant qu’infirmière, je leur dirai de travailler en MSP. C’est un métier de vocation. Il faut aimer son métier, ne pas compter son temps et être persévérant. Au début quand on fait du nursing ça peut être compliqué mais il faut continuer et se faire connaître, sans oublier de se protéger.

En tant qu’infirmière IPA, il faut de l’expérience (min. 3 ans d’exercice en tant qu’infirmière), mais 3 ans ce n’est pas assez. L’expérience facilite beaucoup sur certains cours mais si on n’est pas expérimentée on ne sera pas une bonne infirmière IPA. 

L’important, c’est d’avoir une approche globale du patient en le rendant acteur de sa santé, travailler avec des partenaires et sur la prévention. Car c’est aussi ça notre métier, prévenir pour éviter de guérir.

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